Mardi 9 mai 2023, les élèves de 3A et de 3B ont accueilli M. Archambault, M. Bonnet, Mme Commaret, Mme Desmarest et Mme Lopes, tous bénévoles au Comité pour le Village de l’Amitié de Van Canh, pour un échange de deux heures avec chacune des deux troisièmes. Ils ont présenté l’association puis, après le visionnage du documentaire intitulé Le poison de la paix, réalisé par François Poncelet et Christian Hirou, ont répondu aux questions de chacune des deux classes. Auparavant, les élèves avaient travaillé sur les activités du Comité à partir de documents envoyés par ces bénévoles, afin de rédiger les questions que ces actions faisaient naître en eux. Le projet a été encadré par M. Bruneau, professeur en histoire, géographie et éducation morale et civique et Mme Boileau, professeure documentaliste ; il leur a permis de nourrir leurs connaissances sur la Guerre du Vietnam, la guerre froide, mais surtout sur le thème de l’engagement associatif au programme de troisième.
La rencontre entre les élèves et les membres du Comité a suscité un bel enthousiasme chez les élèves, à tel point que certains ont décidé de la présenter pour leur épreuve orale du diplôme national du brevet.
Voici le témoignage de Firas El Beltagi, de 3B :
Notre rencontre avec les membres du Comité avait pour objectif de discuter avec des bénévoles de leur engagement au sein d’une association, le Comité pour le Village de l’Amitié de Van Canh. Ces échanges nous ont permis d’apprendre comment s’est déroulée la guerre au Vietnam, mais aussi quelles ont été les conséquences dramatiques de l’Agent orange, utilisé massivement. Par ailleurs, et surtout, nous avons pu mieux comprendre comment fonctionne une association et pourquoi des gens s’engagent pour une cause à défendre.
Avant de présenter l’association, il faut parler de la Guerre du Vietnam. Il y a eu d’abord la Guerre d’Indochine, lutte victorieuse des Vietnamiens pour leur indépendance nationale. La Guerre d’Indochine se termine en 1954 par la victoire des Vietnamiens à Dien Bien Phu, seule victoire militaire remportée par un peuple colonisé sur l’armée du colonisateur. La même année, les Accords de Genève qui prévoyaient un référendum sur la réunification du Vietnam avant 1956, ne furent pas appliqués. Pourquoi ? Dans ses mémoires, Eisenhower, président des États-Unis a écrit : « Si le référendum avait eu lieu, Ho Chi Minh l’aurait remporté avec 80 % des voix ».
En 1965 le président Johnson décida officiellement d’un engagement direct de son pays dans la guerre. Les États-Unis inscrivirent ce conflit dans la logique de la guerre froide en s’appuyant sur une stratégie anti-communiste. En 1975, le Vietnam remporta sur les Américains une victoire historique, la deuxième victoire historique au 20ème siècle après Dien Bien Phu. En 1976, le Vietnam fut réunifié.
L’Agent orange était un pesticide produit par des industries agroalimentaires, dont la firme Monsanto, aujourd’hui rachetée par Bayer. Il fut massivement déversé entre 1961 et 1971 par l’armée américaine sur les cultures et forêts (sud) vietnamiennes pour empêcher les patriotes vietnamiens de s’y cacher et de se nourrir. Ces épandages ont causé des maladies graves aux Vietnamiens, militaires et civils, mais aussi aux soldats américains qui les ont utilisés. En outre, l’Agent orange provoque des mutations génétiques qui peuvent entraîner des malformations diverses chez les nouveaux nés. Aujourd’hui encore, au Vietnam, de nombreux enfants naissent avec des séquelles graves, voire mortelles, suite à ces épandages. Nous en sommes à la quatrième génération de victimes.
Le Village de l’Amitié est un centre de soins situé à Van Canh, près de Hanoï. Il y a un centre médical, un centre de formation, une piscine et des pavillons. Fondé en 1998 par des anciens combattants français, allemands, britanniques, américains et japonais ce centre accueille des enfants et des vétérans de guerre atteints par des maladies, handicaps et malformations développés du fait de leur exposition (ou de celle de leurs parents ou grands-parents, pour les enfants) à l’Agent orange. Le Village de l’Amitié reçoit ainsi chaque année depuis près de 25 ans 120 enfants et de l’ordre de 80 vétérans vietnamiens. Tous sont atteints par les effets des défoliants contenant de la dioxine utilisée pendant la guerre américaine.
Un comité international composé de représentants des États-Unis, du Canada, de la France, de l’Allemagne, du Japon et du Vietnam travaille au financement et à la gestion du Village de l’Amitié. L’objectif de ce village est de faciliter aux enfants l’insertion dans la société. Je rappelle que c’est aussi un centre de soin pour les vétérans de la Guerre du Vietnam.
En outre, le Village de l’Amitié reçoit l’aide de bénévoles membres de différents comités nationaux et locaux, dont celui de Villejuif. À Villejuif, ils sont environ une vingtaine de bénévoles.
Les finalités des actions du comité sont multiples : soutenir un procès intenté contre les firmes agroalimentaires états-uniennes, responsables de la production de l’Agent orange ; récupérer de l’argent pour les soins médicaux destinés aux Vietnamiens touchés par l’Agent orange accueillis au Village de l’Amitié. Il s’agit également de médiatiser, auprès de la population française, les actions menées et la situation du village.
Ce comité assiste notamment une franco-vietnamienne victime de l’Agent orange, Mme Tran To Nga, engagée dans un procès depuis 20151. Tran To Nga est née le 30 mars 1942 à Sóc Trăng. Pendant la Guerre du Vietnam, elle est journaliste, puis agente de liaison pour le Front National de Libération du Sud-Vietnam. Elle s’est retrouvée sous une pluie d’épandages, et a développé par la suite plusieurs maladies, dont un cancer. Ses maternités en ont également été touchées. Après la guerre, elle devient directrice d’école avant de diriger une agence de voyages. Elle décide d’intenter un procès contre les firmes qui ont fabriqué et fourni les défoliants utilisés par l’armée américaine, non tant pour elle que pour ses enfants et pour les millions de victimes de l’Agent orange. Son procès est en appel, les membres du comité pensent que la décision ne sera pas prise avant l’an prochain.
Parmi tous les projets que j’ai menés cette année, c’est celui-ci qui m’a le plus intéressé. Je trouve que c’est une bonne décision de l’avoir mené car il y a peut-être des personnes, parmi les élèves, par exemple, qui pourront devenir bénévoles afin d’aider les Vietnamiens. Cette intervention m’a fait me rendre compte que nous avons de la chance d’être en bonne santé et d’avoir tous nos membres.
1 « Procès de l’Agent orange, médias et mobilisation, Tran To Nga déboutée, le combat continue ! », Francis Gendreau
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