Citoyenne d’honneur de Villejuif – Son combat
Depuis le 29 juin 2023, Tran To Nga est citoyenne d’honneur de Villejuif1
Pendant la Guerre du Vietnam, elle est journaliste, puis agente de liaison pour le Front National de Libération. Sur la piste Ho Chi Minh, elle est victime des épandages d’Agent Orange-dioxine, poison que les États-Unis ont déversé par millions de litres sur le Vietnam entre 1961 et 1970. Elle aura trois filles, toutes atteintes de malformations cardiaques et osseuses. La première mourra à 17 mois.
Les épandages, 80 millions de litres d’herbicides, ont touché plus de 2 500 000 hectares. Ils ont contaminé près de 4 millions de personnes (cancers, malformations), détruit 20 % des forêts du Sud-Vietnam et pollué 400 000 hectares de terres agricoles. S’y sont ajoutées la destruction de plus d’un million d’hectares de forêt tropicale et la disparition d’une faune abondante. Et 50 ans après la fin de la guerre, l’Agent Orange-dioxine tue encore. Plus de 3 millions de personnes en subissent toujours les conséquences. De l’ordre de 150 000 enfants, sur quatre générations depuis 1975, sont nés difformes et lourdement handicapés (absence de membres, cécité, surdité, tumeur externe…).
Les victimes vietnamiennes ne sont ni reconnues, ni indemnisées par les responsables de cette guerre chimique, le gouvernement des États-Unis et les firmes chimiques se murant dans le déni le plus complet.
Cette femme, au courage exceptionnel, mène un combat contre les firmes américaines qui ont fourni des tonnes de produits chimiques à l’armée des Etats-Unis durant la guerre du Vietnam. En 2014, Nga a assigné en justice devant le tribunal judiciaire d’Évry (91) 14 sociétés états-uniennes, dont Monsanto et Dow Chemical. Parlant de son procès, son « dernier combat » comme elle l’appelle, Tran To Nga dit : « J’agis pour que les crimes de guerre et contre l’humanité des États-Unis d’Amérique ne soient pas oubliés, pour que l’ensemble de la communauté internationale se mobilise contre les écocides et les génocides ». Le procès est en cours. Le combat continue.
Il a déjà porté ses fruits. Tran To Nga, son Comité de soutien, les innombrables amis qui l’entourent et agissent avec elle ont sorti de l’oubli les crimes perpétrés par les Américains pendant la Guerre du Vietnam. Ils ont porté à la connaissance de plein de gens les souffrances des victimes vietnamiennes et l’écocide conséquences des épandages de dioxine par l’armée américaine.
Le combat continue donc. Il ne date pas d’hier. La solidarité avec l’héroïque peuple vietnamien, ses infinies souffrances, dans ses luttes victorieuses pour son indépendance nationale, sa réunification et sa liberté, est ancienne.
Justice et éthique doivent aller de pair. Le procès de Nga connaît un grand retentissement en France, au Vietnam et dans d’autres pays. La couverture médiatique (presse, radios et télévisions, réseaux sociaux) témoigne d’un fort et chaleureux soutien de l’opinion au courageux et juste combat de Nga. Il s’agit bien déjà d’une importante victoire sur laquelle s’appuyer pour que Nga gagne son procès historique.
Pour que justice soit enfin rendue à toutes les victimes vietnamiennes de l’Agent Orange-dioxine. Les vétérans américains, après des années de lutte et d’actions, ont été indemnisés de façon insuffisante, mais cela constitue une reconnaissance du fait que leurs maladies sont la conséquence des épandages qu’ils ont subis. Ce que les gouvernements des États-Unis et les firmes américaines s’obstinent à nier.